En cette époque incertaine et angoissée où Nostradamus et les prophètes de malheur font l'actualité, ce documentaire se penche, avec humour et dérision, sur le monde des arts divinatoires. Fascinant voyage au cœur de l'insolite, il parcourt les sphères du paranormal pour nous faire découvrir une galerie de personnages. Avec une douce folie qui vire au délire, le cinéma de Denys Desjardins brouille toutes les boules de cristal et sème la zizanie dans la galaxie ésotérique!
Le jeune photographe quitte la Suisse non pas pour le Canada mais pour l'ONF ! Rêvant de cinéma, il choisit le montage avec Gilles Carle Dimanche d'Amérique (1961). C'est le temps des découvrances : Michel Brault et Pierre Perrault entraînent Werner Nold dans une des explorations marquantes de ces folles années du direct. Des kilomètres de pellicule 16 mm et de ruban magnétique s'accumulent aux pieds du monteur – un tournage sans précédent. Nold avance en terre inconnue et construit un récit vécu, épique, Pour la suite du monde (1963). Aguerri, il poursuit de fructueuses collaborations avec Carle, Jutra, Carrière, Godbout, jusqu'au démentiel Jeux de la XXIe Olympiade (Labrecque, 1977). L'ampleur du tournage – 32 équipes – élève le montage au rang de discipline olympique ! Alternant documentaire, fiction et animation, Werner Nold est l'architecte d'une centaine de films, admirable carrière où la transmission du métier devient une ardente vocation.
In the 1930s, in the throes of the Great Depression, the government relocated more than 80,000 citizens to found a new settlement in the virgin forests of Quebec's Abitibi region. After enduring backbreaking work to clear the land, however, many left, seeking a better life in the city or as labourers for the large corporations that had come to exploit the North's valuable resources. The Lalancette family, however, have persisted in forging their future on the land from one generation to the next, earning their keep from farming, and defying the constraints of globalization and the mining and forestry companies that control the area. Revisiting the heritage of Quebec filmmakers who documented Abitibi, following in the footsteps of Pierre Perrault, among others, this documentary traces a defining chapter of Quebec history and raises fundamental questions about regional development.
Entrevue avec Monique Mercure tirée du projet Une histoire du cinéma - 61 portraits vivants. Du Festin des morts (Dansereau, 1965) au Festin nu (Cronenberg, 1991), on peut s’étourdir à l’évocation des films où Monique Mercure tient, toujours avec intensité, de grands et petits rôles. Elle va patiemment imposer sa présence, forte, à une époque où le métier d’actrice de cinéma n’existe pas au Québec. Son fidèle ami Claude Jutra lui donne d'abord un rôle dans À tout prendre (1963). Avec Deux femmes en or (Fournier, 1970), elle connaît le succès populaire. Puis J.A Martin photographe (Beaudin, 1976) célèbre son talent et lui vaut le prix d’interprétation féminine à Cannes. Au fil des ans, elle travaille avec les grands d'ici – Jutra toujours, Labrecque, Poirier, Pool, Lepage, Aubert – traversant les générations, tout en participant à plusieurs films en anglais. Elle retrouvera Fernand Dansereau et son émouvant personnage de Madeleine, quarante ans plus tard, pour La brunante (2007).
La Seconde Guerre mondiale, par ricochet, nous a donné un combattant de la lutte pour un cinéma authentiquement canadien. En 1939, le début des hostilités surprend le jeune Anglais en voyage au Canada. Il est coincé. John Grierson l'attire à l'ONF, d'abord comme caméraman (1941), puis producteur (1945), début d'une belle carrière consacrée au documentaire pour Spencer qui rêve de fiction. Grierson, fondateur de l'ONF, croit au cinéma comme outil d'éducation populaire. Spencer, lui, aspire à voir naître une industrie cinématographique au Canada, indépendante d'Hollywood. Il y travaille activement. En 1966, l'ONF lui donne ce mandat : proposer un plan de soutien gouvernemental au cinéma canadien. Le gouvernement accepte. De 1968 à 1978, Spencer, premier responsable de la SDICC (aujourd'hui Téléfilm Canada), soutient des œuvres aussi importantes que Les ordres (Brault, 1974) et L'apprentissage de Duddy Kravitz (Kotcheff, 1974).
A young Englishman abroad, Michael Spencer was stranded in Canada when World War II began in 1939. He would make Canada his home--and help establish the country's film industry. He arrived at the NFB in 1941, starting as a cameraman and becoming a producer in 1945. While NFB Commissioner John Grierson favoured documentaries, viewing film as an educational tool, Spencer wanted to make dramatic features. He was intent on creating a domestic movie industry, independent from Hollywood, and in 1966, NFB management tasked him with devising a system of public film financing. Receptive to the plan, the federal government created the Canadian Film Development Corporation (CFDC)--precursor of Telefilm--and appointed Spencer as its first Executive Director. He occupied the post from 1968 to 1978, overseeing the production of such films as Les ordres (Brault, 1974) and The Apprenticeship of Duddy Kravitz (Kotcheff, 1974).
Entrevue avec la cinéaste Anne Claire Poirier. Cette femme ouvre les portes à toutes les autres. Son œuvre si personnelle fonde ici un cinéma féminin, féministe, où l'art du montage et la force de l'écriture ne sacrifient rien au militantisme. Début 1960, à l'ONF, la place des femmes n'est pas autour de la caméra. Poirier convainc pourtant et devient réalisatrice. De mère en fille (1968), premier film féministe québécois, propulse l'engagement de la cinéaste : changer le monde, c'est aussi ouvrir l'ONF au talent des femmes. Acharnée, avec la création du programme « En tant que femmes » (1972), elle produira les films de plusieurs réalisatrices. Puis, les siens : l'insoutenable et nécessaire Mourir à tue-tête nous hante toujours. Car tout n'est pas acquis pour les femmes. Anne Claire Poirier se retire avec le film le plus douloureux qui soit, Tu as crié LET ME GO, portant sur la disparition tragique de sa fille.
As a young man, Denys Arcand had his heart set on history. He fell into cinema by happenstance, only to become Quebec's most famous director--a winner several times over at Cannes and recipient of the 2003 Oscar for Best Foreign Language Film. His beginnings wer auspicious. While making a student film in 1961, Arcand was assigned an extraordinary crew that included Brault, Groulx, Carrière and Gosselin. His new friends found a place for him at the NFB, and the agency became his school. He honed his craft alongside cameraman Bernard Gosselin and watched as Pour la suite du monde took form in a neighbouring editing suite. Inspired by this creative foment, he went on to make a remarkable series of films. Referencing Machavielli, classical tragedy, or biblical scripture, the iconoclastic Arcand challenges and stimulates, exploring contemporary Quebec with fearlessness and humour.
Back in 1947, while still making amateur movies with Claude Jutra, could Brault have known that he would mark film history? His defiant experimentalism shook things up at the NFB, and films like Les raquetteurs (1958) would launch an irreversible movement. Alongside US filmmakers such as Richard Leacock, the young Québécois was at the forefront of the Direct Cinema revolution--and his "walking camera" would influence Jean Rouch. He collaborated with Pierre Perrault and the inhabitants of Île-aux-Coudres on the landmark film Pour la suite du monde (1963), a key moment in vérité cinema. Restlessly creative, Brault continued investigating both reality and fiction. His own feature, Les ordres (1974), honoured at Cannes, remains ingrained in Quebec's collective memory, as does his cinematography in legendary films like Mon oncle Antoine and Les bons débarras. It is impossible to imagine Quebec cinema without him. Michel Brault died in 2013 at the age of 85.
This short documentary profiles a selection of pioneering French female filmmakers from the history of the NFB, including Paule Baillargeon, Aimée Danis, Mireille Dansereau, Marthe Blackburn, and Anne Claire Poirier. These women speak frankly of the challenges and joys of making films for, by, and about women.
Working outside the spotlight, the visionary Robert Forget was a major force of change at the NFB. Alive to the creative potential of new technologies, he was always one step ahead. As a young producer in 1971, he founded Vidéographe, an artist-run video production centre that remains a vibrant player in independant media creation. Forget was appointed head of French Program from 1989 to 1993, when he became Director for Technical Service. Not content to simply produce (over 75 films!), the tireless Forget oversaw historic advances in computer animation. In 1994, he established Montreal's famous CineRobotheque viewing facility and in 2000 he pioneered internet distribution with CinéRoute. Technological innovation and creativity were always inter-connected for Forget-and the NFB owes a huge debt to his forward-looking leadership.
Dans cette courte entrevue, le preneur de son Claude Pelletier traverse les grandes mutations technologiques. D'abord, le lourd matériel de prise de son, qui nécessite à lui seul un camion, un boulet aux pieds des équipes de tournage. Ensuite, le magnétophone portatif Nagra, qui fera voyager l'homme du son de par le monde. Entre les deux, une révolution technique, esthétique, bouscule l'ordre établi. Avec cette grande libération du son, Gilles Groulx et Arthur Lamothe entraînent Pelletier aux barricades pour Golden Gloves (1961) et Bûcherons de la Manouane (1962). Parmi la centaine de films auxquels collabore Pelletier, plusieurs ont marqué leur époque : De mère en fille (Poirier, 1968), Où êtes-vous donc? (Groulx, 1969). Passionné de généalogie, il profite des tournages pour fouiner dans les archives des églises du Québec, compilant près de 90 000 noms liés au patronyme Pelletier. Depuis leur retraite, Claude et son épouse, Laure Gauthier, sont devenus maîtres-généalogistes agréés.
An undisputed master of puppet animation, Co Hoedeman would captivate TV audiences with The Sand Castle (1977), a film that went on to win an Oscar for Best Animated Short. He had emigrated from Holland in 1965, aged, 25, in the hopes of finding work at the NFB. Canada's public film producer would become his creative base. Experimenting with an astounding range of techniques--paper cut-outs, papier-mâché, sand, and an array of puppets--Hoedeman conjures up fantastic worlds, finding inspiration in Inuit legend, ecology and his own vivid imagination. Artisan animator par excellence, he crafts all elements himself and operates his own camera. A devoted father and grandfather, he excels in making films for young audiences, and his Ludovic series, featuring an adventurous and amiable teddy bear, was a hit with children of all ages.
L'écran d'épingles est lié au destin artistique de Jacques Drouin. Il est le seul à y avoir consacré sa carrière depuis la mort de son inventeur, Alexandre Alexeïeff. Celui-ci et Claire Parker ont réalisé de grands films avec cette mythique « machine à rêver » construite en 1931. Seuls dix prototypes seront fabriqués, dont l'un, acquis par l'ONF en 1972, tombe entre les mains de Drouin. Fasciné, il s'approprie l'instrument – ce qui réjouit Alexeïeff vieillissant. Cet écran au relief fait de 240 000 épingles transforme ombre et lumière en personnages, en paysages mouvants comme le sable. Le cinéaste façonne patiemment des œuvres remarquables, du film Le paysagiste (1976) à Empreintes (2004), où il déploie un savoir-faire inégalé qu'il transmet à son tour, aujourd'hui. Les Archives françaises du film à Paris font même appel à Drouin, en 2007, pour restaurer les écrans d'épingles Alexeïeff-Parker.
D'où vient le cinéma direct? Quels en sont les précurseurs et les oeuvres avant-gardistes? Grâce à l'essor des techniques et à l'esprit aventurier de cinéastes pionniers parmi lesquels Michel Brault occupe une place centrale, une nouvelle façon de faire du cinéma naît à la charnière des années 1950 et 1960. Le film de Denys Desjardins retrace avec pertinence l'histoire d'un mouvement collectif qui a bouleversé les méthodes de production et de tournage dans un Québec en pleine affirmation nationale. Porté par un profond désir de se rapprocher des gens, le cinéma direct s'invente alors au jour le jour en toute liberté. Recueillant les témoignages des Marcel Carrière, Jean-Claude Labrecque, Denys Arcand, Fernand Dansereau et autres, ce document essentiel explore une page marquante dans l'évolution de notre cinématographie.
One life, many chapters! Blais began his working life as a wartime artist in Europe. Returning to Canada in 1945, he was recruited to the NFB by Grierson himself. Blais would develop enormous respect for the famous Scot, and his last film, Monsieur John Grierson (1974), is dedicated to his memory. Among the few early francophone directors at the NFB, Blais defended his right to work in his own language. Named executive producer of Studio F, the so-called French Unit, in 1954, he argued for a fully fledged independent French-language program. Following a remarkably prolific career at the NFB, he moved on to an impressive set of new challenges—leading a UN anthropology mission to New Guinea, running the audiovisual department for Expo 67, and more. He died in 2012 at the age of 95.
Jacques Giraldeau fonde, dès 1948, le premier cinéclub au Québec, période où il côtoie les artistes signataires du Refus global. Avec son ami Michel Brault, il travaillera à l'ONF durant la majeure partie de sa carrière. Giraldeau s'éclipse quelques années pour tester la liberté, troquant les lourdes caméras 35 mm pour une portative Bolex 16 mm. Toujours avec Brault, il tourne 39 courts métrages, Petites médisances (1953-1954), qui présagent la révolution du cinéma direct. Il revient à l'Office en 1960 dans l'effervescence précédant la naissance du Programme français. C'est un temps d'invention, et Giraldeau est souvent là aux commencements. Il sera même l'un des fondateurs de la Cinémathèque québécoise, en 1963. De La neige a neigé (1951) à L'ombre fragile des choses (2007), Jacques Giraldeau compte plus d'un demi-siècle de réalisation, une œuvre singulière et précieuse, consacrée à l'évolution de l'art au Québec.
Après avoir écumé les salles obscures de son Abitibi natale, suivant l'étoile de Fellini, André Melançon dérive doucement vers l'ONF à l'époque où tout peut arriver par accident. Le réalisateur Clément Perron lui propose un rôle dans Taureau (1973). Puis, on lui offre de réaliser un film pour enfants ; il n'y connait rien. Son talent inné avec les jeunes s'impose avec force – n'est-il pas d'abord psycho-éducateur ! Mémorable année 1978 : le documentaire Les vrais perdants fait grand bruit et les critiques proclament Comme les six doigts de la main Meilleur long métrage québécois. La guerre des tuques consacre la renommée de Mélançon dans le genre florissant des films pour enfants. Après plusieurs longs métrages, séries télévisuelles et mises en scène théâtrales, le cinéaste revient aux sources avec l'émouvant documentaire Printemps fragiles (2005), mettant l'enfance au centre de ses préoccupations.
Pierre Patry entre à l'ONF en 1957, lorsque son ami Claude Jutra lui demande d'être son assistant pour le tournage du film Les mains nettes (1958). Il y réalisera une douzaine de films, dont Petit discours de la méthode (1963) et Il y eut un soir... Il y eut un matin
(1964). Le réalisateur fait partie de ceux qui se retirent tôt de l'ONF pour tenter l'aventure du long métrage. À 30 ans, il fonde Coopératio et réussit son pari : Trouble-fête (1964), succès au box-office, est à l'origine de la renaissance de l'industrie du cinéma au Québec. Il produit par la suite plusieurs films, dont Entre la mer et l'eau douce (1967) de Michel Brault et, avec d'autres collègues, il négocie auprès du gouvernement la création d'un organisme de financement du cinéma, Téléfilm Canada. Patry lui-même n'en profitera pas. Il produit son dernier film en 1972, Les colombes de Jean-Claude Lord, avant d'abandonner le monde du cinéma pour se tourner vers la télévision éducative.
Pierre Patry est décédé le 7 juin 2014 à l'âge de 80 ans.
From Festin des morts (Dansereau, 1965) to Naked Lunch (Cronenberg, 1991), Monique Mercure has played an astonishing range of roles, both large and small, with distinctive intensity and character. Launching her career at a time when the profession of film actress was hardly recognized in Quebec, she quietly established her powerful presence. Her friend Claude Jutra cast her in À tout prendre (1963), and Deux femmes en or (Fournier, 1970) would consolidate her popularity. Winning the Best Actress Award at Cannes for her extraordinary performance in J.A. Martin photographe (Beaudin, 1976), she went on to work with the biggest names in Quebec film--Jutra again, Labrecque, Poirier, Pool, Lepage, Aubert--crossing generational and linguistic divides. In La brunante (2007), she reunited with director Fernand Dansereau, reprising the role of Madeleine 40 years after she first played the character in Ça n'est pas le temps des romans.
Véritable pionnier de l'image, Roger Racine a été le premier caméraman francophone de l'ONF et le premier Canadien français à faire de la direction photo de longs métrages. Il a aussi fait partie de la première équipe de télévision de Radio-Canada. Embauché par John Grierson, Roger Racine entre à l'ONF en 1942. Il sera l'assistant du directeur photo Boris Kaufman, qui trouve refuge à l'ONF après avoir fui la France occupée. Racine apprend beaucoup du maître derrière les images des films de Jean Vigo (L'Atalante, 1934). Influence palpable dans son travail à la direction photo des films Le curé du village (1949) et La petite Aurore l'enfant martyre (1951). À l'ONF, ll a notamment tourné des images du film Mesdames et messieurs, M. Leonard Cohen (1965).
One of the overlooked giants of Canadian film and broadcasting, Pierre Juneau played a key role in NFB history and in ensuring the place of the francophones within the agency. He arrived in 1949, having been involved in film clubs through a Catholic youth group. By 1954, at the age of 32, he was Assistant Regional Supervisor and official French Advisor. He was instrumental in the decision to relocate NFB headquarters to Montreal in 1956, a move that played a vital role in the evolution of Quebec cinema. When a fully independent French program was established in 1964, Juneau was appointed its first director. In 1968, he was appointed President of the Bureau of Broadcast Governors, later renamed the CRTC, and in 1982 he became President of the CBC, Canada's public broadcaster. He is remembered as one of Canadian culture's great public servants.
L'histoire a mis Dansereau au bon endroit, au bon moment. Après quelques années à l'ONF comme scénariste et réalisateur, il devient producteur en 1960, à 32 ans. Et ça brasse pas mal dans les corridors de l'Office – c'est le début de la Révolution tranquille au Québec ! De quel don a-t-il hérité pour soutenir, au moment où il le fallait, les cinéastes dans leurs envolées ? Lamothe avec ses bûcherons du Haut-Saint-Maurice, Groulx et Gosselin à Miami, Arcand sur la piste de Champlain, Brault et Perrault qui s’installent à l'Île-aux-Coudres... Artiste complet, Dansereau s'imposera plus tard dans le monde de la télévision, mais le cinéma ne le quittera pas. Avec Quelques raisons d'espérer (2001), portrait de son cousin, l'écologiste Pierre Dansereau, et La brunante (2007), où il retrouve l'actrice Monique Mercure, 40 ans après Ça n'est pas le temps des romans. Infatigable Dansereau.
Il semble avoir vécu trois ou quatre vies. À son retour d'Europe en 1945, ce peintre de guerre est recruté par le fondateur de l'ONF lui-même, John Grierson. Roger Blais a pour le célèbre Écossais le plus grand respect et il lui consacrera son dernier film, Monsieur John Grierson (1973). Le nouveau venu fait partie du cercle restreint des premiers réalisateurs francophones à l'ONF. D'instinct, il y défend l'importance de travailler dans sa langue. En 1954, producteur exécutif du nouveau studio F – le French Unit –, il revendique même la nécessité d'une section française autonome. Blais réalisera et produira un nombre étourdissant de films avant de se lancer dans de multiples entreprises hors ONF : une mission anthropologique en Nouvelle-Guinée pour les Nations unies, la direction de l'audiovisuel pour Expo 67, etc. Il s'est éteint en 2012, à l’âge de 95 ans.
Art lover and cinephile Jacques Giraldeau established Quebec's first film club in 1948, the year of the Refus Global, an anti-establishment manifesto championed by his art-world peers. He got early film training at the NFB alongside comrade-in-arms Michel Brault and then cut loose for a few years to experiment with the 16mm Bolex, the new lightweight alternative to heavy 35mm cameras. He and Brault collaborated on Petites médisances (1953-1954), a series of 39 shorts that foreshadowed Direct Cinema. Returning to the NFB in 1960, he thrived in the creative atmosphere that soon gave birth to French Program. In 1963, Giraldeau co-founded the Cinémathèque québécoise. In a career spanning over 50 years, from La neige a neigé (1951) to L'ombre fragile des choses (2007), he has created an extraordinary body of work, bearing witness to the evolution of Quebec culture.
Il entre à l’ONF, un film amateur en poche. Dès 1949, à 20 ans, on l’envoie 18 mois dans l’Arctique tenir la caméra pour des films sur le peuple inuit. Jean Roy est ensuite caméraman pour tous les réalisateurs des glorieuses années 1950-1960 : les Devlin, Dansereau, Garceau, Giraldeau, Koenig, Kroitor, Palardy, Portugais… Il a pour assistants Michel Brault, George Dufaux ! Avec sept autres caméramans, il tourne Jour de juin (1959) dans l’esprit du cinéma direct naissant. Roy accompagne Pierre Patry dans l’aventure privée de Coopératio et fait la direction photo de Trouble-fête (1963), premier succès québécois en salle. Responsable du service de la caméra de l’ONF (1972-1983), Jean Roy institue ce qu’on appelle aujourd’hui l’Aide au cinéma indépendant (ACIC). Grâce à lui, depuis 40 ans, des générations de cinéastes indépendants obtiennent le soutien technique de l’ONF pour compléter leurs films.
In the late '50s and early '60s, Jacques Godbout was part of a brilliant young gang who would transform the NFB's French Program. They came from diverse backgrounds and most had no previous film training. For his part, Godbout had just returned from Ethiopia, where he'd been teaching French, when he was hired in 1958. He would soon be collaborating with some of the most inventive artists of his generation: Hubert Aquin, Claude Jutra, Michel Brault, Fernand Dansereau, Gilles Carle and others. Active on many cultural fronts, Godbout launched the magazine Liberté, founded the Mouvement laïque de langue française, and served as the first president of the Union des écrivans du Québec. He would display a spirit of experimentation in both documentary and fiction, and his many credits include YUL 871, Kid Sentiment and Ixe-13, now considered a cult classic.
Marcel Carrière est sans doute au son ce que Michel Brault est à l'image. Entre 1958 et 1964, l'art et la technique vivent une vraie histoire d'amour. Les artisans transforment les outils du cinéma pour modifier à jamais notre regard sur la réalité. Avec son entêtement inventif, Carrière cherche à parfaire la prise de son synchrone, à délivrer son magnétophone des câbles et de la caméra. La liberté qu'a gagnée le preneur de son, c'est grâce à lui. Il est de presque tous les tournages marquants de cette folle aventure du direct à l'ONF, de l'an zéro avec le film Les raquetteurs (1958) à celui qui récolte les fruits de ces avancées techniques, le chef-d’œuvre Pour la suite du monde (1962). Carrière se lance dans la réalisation. Documentaires et fictions se succèdent, imprégnés d'un humour généreux, d'un ton bienveillant, à son image.
Fervent cinéphile, à l'école de l'ONF dès 1959, Labrecque apprend le métier dans l'enthousiasme. Très doué, il devient caméraman et s'impose, hardi et volontaire. Il fera les images de plusieurs œuvres majeures du jeune cinéma québécois, dont Un chat dans le sac (Groulx, 1964) et La vie heureuse de Léopold Z. (Carle, 1965). Directeur photo d'exception, il passe ensuite à la réalisation : de 60 cycles (1965) aux Jeux de la XXIe Olympiade (1977), du « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle à la campagne électorale du premier ministre Bernard Landry en 2003, des trois Nuits de la poésie à André Mathieu, musicien (1993)... Son œuvre est généreuse, foisonnante, colossale. Féru d'histoire et de culture, Labrecque a fouillé bien des recoins de la société québécoise. Et l'humain reste toujours, encore aujourd'hui, au cœur de sa traversée cinématographique.
The NFB would be Jean-Claude Labrecque's school. Arriving in 1959, the dedicated young cinephile quickly grasped the essentials of cinematography, leaving a bold mark on early Quebec films like Le chat dans le sac (Groulx, 1964) and La vie heureuse de Léopold Z (Carle, 1965). A cinematographer of singular talent, Labrecque went on to direct his own films: 60 cycles (1965) and Jeux de la XXIe Olympiade (1977). Keenly tuned to the evolution of Quebec society, he would capture important cultural events on film in Nuits de la poésie (1970, 1980) and André Mathieu, musicien (1993), and document key historical moments like de Gaulle's "Vive le Québec libre!" and Bernard Landry's 2003 electoral campaign. Prolific and erudite, Labrecque produced a body of work that constitutes a richly detailed and deeply humane record of modern Quebec history.
Monique Fortier was one of the few women to make her way in the male world of the NFB in the 1950s. But make her way she did. Beginning as a secretary, she graduated to editing and in 1963 she became the first francophone woman to direct her own film, À l'heure de la décolonisation. Her NFB colleague Anne Claire Poirier would make her first film the same year. Fortier subsequently returned to editing, quietly labouring at the Steenbeck, shaping films that helped define Direct Cinema.
Après les temps forts du cinéma direct, avec autant de liberté, Jacques Leduc se promène entre fiction proche du réel, tout en plans-séquences On est loin du soleil (1970) et documentaire brut, tout en plans-présences Chroniques de la vie quotidienne (1977-1978). Avec cette symphonie en sept films rythmée par les jours de la semaine, il frappe l'imaginaire des cinéphiles. Sensible et audacieux, inventif, cet homme d'équipe explore ensuite la frontière fiction ̶ documentaire Albédo (1982), Le dernier glacier (1984). Puis, reçu chaleureusement par la critique, Trois pommes à côté du sommeil (1988), oriente ses prochains films, davantage ancrés dans la fiction. Leduc se révèle aussi homme à la caméra fidèle pour ses amis Tahani Rached, Jean Chabot, Paule Baillargeon, Yves Dion... Entouré des complices de la Casa obscura, atelier d'artistes qu'il cofonde en 1993, le photographe-mélomane y anime toujours des soirées cinématographiques.
Schooled in the creative freedom of Direct Cinema, Jacques Leduc would excel in documentary-inflected drama like On est loin du soleil (1970), composed entirely of long shots, as well as sensitive vérité-style projects like Chroniques de la vie quotidienne (1977–1978), an imaginative series of seven films corresponding to the days of the week. Audacious and endlessly inventive, Leduc explored the terrain between fiction and documentary in films such as Albédo (1982) and Le dernier glacier (1984). His critically acclaimed feature Trois pommes à côté du sommeil (1988) paved the way for further work in fiction film. A gifted cinematographer, he has collaborated with directors like Tahani Rached, Jean Chabot, Paule Baillargeon and Yves Dion. In 1993, he co-founded Casa Obscura, a Montreal-based, artist-run space where he hosts regular film-related events.
Loin des regards du public et des honneurs, Robert Forget est celui par qui le changement arrive à l'ONF. Visionnaire émerveillé, un pied dans le futur rapproché, il anticipe les mutations technologiques. Jeune producteur, il créé dès 1971, un atelier de production vidéographique communautaire, Le Vidéographe, aujourd'hui pôle essentiel des arts médiatiques. Tour à tour directeur du studio français d'animation (1978), du Programme français (1989), puis des services techniques (1993), Forget s'active sans relâche, tout en produisant plus de 75 films : développement historique de l'animation par ordinateur ; ouverture en 1994 de la CinéRobothèque au cœur de Montréal – espace fabuleux de visionnage des films – ; et pour l'an 2000, premiers pas de la diffusion des films sur Internet avec l'avant-gardiste CinéRoute. Les avancées technologiques favorisent la création, croit Forget. Et le présent donne raison à ses intuitions futuristes!
Maître incontesté du cinéma d'animation de marionnettes, Co Hoedeman marque l'imaginaire des téléspectateurs un certain dimanche soir où Le château de sable (1977) vient illuminer nos écrans de télévision. L'Oscar du meilleur film d'animation, une formalité ! Le cinéaste quitte les Pays-Bas 12 ans plus tôt – à 25 ans – dans l'espoir de travailler à l'ONF. Début d'un prodigieux parcours, Hoedeman se transforme en artiste complet : il donne vie à des blocs, du papier découpé ou mâché, du sable, des créatures de son cru. Il explore les légendes inuites, se préoccupe d'écologie, invente des mondes fantaisistes. Il fabrique tout – décors, personnages, papier – et manipule la caméra. D'où vient la magie de Co ? Auprès de ses propres enfants et petits-enfants, sans doute a-t-il toujours su renouveler son regard. La maîtrise de son art est telle avec Ludovic, l'ourson en peluche, qu'enfants et adultes versent immanquablement des larmes.
Il y a une vie avant l'ONF pour cette artiste formée aux beaux-arts. Dans les années 1970, elle réalise plusieurs courts métrages indépendants, dont certains films-collage expérimentaux. Elle arrive à l'ONF autour de 1990 : ses premiers films font appel à la rotoscopie – cette technique qu'elle affectionne permet de redessiner des mouvements filmés en prises de vue réelles. Un nouveau cycle s'ouvre avec Le chapeau (1999) : Cournoyer plonge dans l'encrier, opte pour le trait noir sur fond blanc, minimaliste. Elle pourchasse la métamorphose jusque dans ses derniers retranchements, avec un thème difficile à traiter, l'inceste. La puissance des métaphores visuelles qu'elle fait s'entrechoquer bouleverse le public. Ce film lui apporte une reconnaissance mondiale. Elle poursuit dans cette veine avec le troublant Accordéon (2004) et Robe de guerre (2008), terrifiant. Ces films sans paroles nous laissent sans voix.
« Nous avions tous autour de 30 ans, c'était facile de s'agiter. » Au tournant des années 1960, les jeunes savants fous comme Godbout font exploser le laboratoire qu'est devenu l'ONF. Ils n'ont pas de formation en cinéma; ils viennent de tous les horizons. Godbout, lui, revient d'Éthiopie où il enseignait le français. Engagé par l'ONF en 1958, il est vite emporté par ce tourbillon de collaborations qui fait rêver aujourd'hui – avec les Aquin, Jutra, Brault, Dansereau, Carle, etc. Fondateur de la revue Liberté et du Mouvement laïque de langue française, premier président de l'Union des écrivaines et écrivains du Québec, Jacques Godbout a été de toutes les luttes, mais aussi de toutes les excentricités : après le documentaire, il expérimente la fiction, période à haut risque créatif qui enfante YUL 871, Kid sentiment et le légendaire IXE-13, hissé au rang de film-culte.
Anne Claire Poirier blazed a trail for women filmmakers, introducing a distinctly female gaze into Quebec cinema with compelling personal films that balanced rigorous filmcraft with feminist analysis. Beginning her career in the ’60s, when few women were making films, she persevered, insisting on directing her own work. The experience of making De mère en fille (1968), Quebec’s first feminist film, would steel her resolve—to bring more women into the NFB. Tenacious and generous, she initiated and produced En tant que femmes (1972), a six-film series directed by various women. Her own work, including the unrelentingly powerful Mourir à tue-tête (1979), continues to resonate. Her final film for the NFB, perhaps her bravest and most painful, was Tu as crié LET ME GO, dealing with the tragic loss of her own daughter.
Cinéaste un peu par accident, cet historien de formation et de cœur est le plus connu des réalisateurs québécois. Plusieurs fois primé à Cannes, il obtient en 2003 l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Pourtant, Arcand a déjà été novice ! Pour faire un film étudiant, en 1961, l'ONF lui prête l'équipe de rêve : Brault, Groulx, Carrière et Gosselin. Ses nouveaux amis lui trouvent vite du travail à l'ONF. En tournage, le caméraman Bernard Gosselin lui apprend tout du métier. L’école d’Arcand, c'est l'Office. Il voisine même la salle de montage où Pour la suite de monde est en gestation. Le foisonnement ambiant nourrira son œuvre. Film après film, empruntant à la pensée de Machiavel, à la tragédie, au récit biblique, Arcand, l'iconoclaste, ébranle nos certitudes. Toujours plongé dans notre histoire contemporaine sans complaisance..., le sourire en coin.
On associe Claude Fournier aux grands moments de la comédie québécoise : Deux femmes en or (1970), un succès inouï avec deux millions de spectateurs en salle, et plus récemment, J'en suis (1997). C'est pourtant le journalisme qui le mène au cinéma, documentaire de surcroit. Il se lie d'amitié avec Michel Brault qui partage sa passion pour la caméra. Fournier participe aux premiers ébats du cinéma direct avec Brault et sa bande, en particulier La lutte (1961), un sommet du genre. Il quitte l'ONF pour travailler quelque temps à New York avec les pionniers du cinéma direct américain, Drew, Leacock et Pennebaker, à qui l'on doit le célèbre Primary (1960). Au fil du temps, bâtisseur de l'industrie privée, Fournier se consacre à la fiction tant au cinéma qu’à la télévision. Il retrouvera Michel Brault, l'ami des origines, pour coscénariser Mon amie Max (1994).
A master of Quebec comedy, Claude Fournier has directed such memorable films as Deux femmes en or (1970), a hit that pulled in two million veiwers, and the more recent J'en suis! (1997). Originally a journalist, he was drawn to cinema, and documentary in particular, through an interest in cinematography, a passion he shared with friend Michel Brault. He collaborated with Brault and his contemporaries on the NFB's early forays into Direct Cinema, contributing to the groundbreaking La lutte (1961). Fournier left the NFB to work in New York, honing his craft alongside Robert Drew, Richard Leacodk, and D.A. Pennebaker--the pioneering figures behind such seminal films as Primary (1960). The multi-talented Fournier would become a leading figure in Quebec's film and TV industry. He reunited with Michel Brault in 1994, co-writing the screenplay for Mon ami Max.
Claude Godbout was a young actor in experimental theatre when he caught the eye of Gilles Groulx, who cast him in Le chat dans le sac (1964). Captured on celluloid by cinematographer Jean-Claude Labrecque, Godbout became an iconic figure for young French Canadians, caught up in the throes of the Quiet Revolution. Le chat dans le sac, along with Claude Jutra's À tout prendre (1963), came to epitomize the energy of Direct Cinema: together they propelled Quebec film into modernity. Turning away from acting, Godbout tried his hand at directing before founding Productions Prisma with friends. The company produced important features like Les ordres (Brault, 1974) and Les bons débarras (Mankiewicz, 1980). Godbout's recent produciton credits include the series Cinéma québécois (2008) and the documentary Le rêve américain (Boulianne, 2014).
Le jeune comédien travaille dans un théâtre expérimental où le remarque le cinéaste Gilles Groulx. Il se retrouve devant l'objectif de Jean-Claude Labrecque pour le tournage du film Le chat dans le sac (1964). Cet unique rôle au cinéma fait de lui une icône de la jeunesse canadienne-française en quête d'identité, en pleine Révolution tranquille. Le film de Groulx consacre la modernité du cinéma de fiction québécois, porté par l'élan du cinéma direct – de pair avec À tout prendre (Jutra, 1963). Claude l'acteur, lui, s'éloigne aussitôt de son personnage pour vivre sa vie : il devient réalisateur, puis fonde les productions Prisma avec des amis. On leur doit des films aussi importants que Les ordres (Brault, 1974) et Les bons débarras (Mankiewicz, 1980). Plus près de nous, Godbout a produit le documentaire Le rêve américain (Boulianne, 2014) et la série Cinéma québécois (2008).
Ce document fait le portrait de la cinéaste Monique Fortier. Il fallait tordre le cou du destin pour qu'une femme se retrouve à l'ONF, dans cet univers masculin des années 1950. Tout se bouscule pour elle. De secrétaire à monteuse, Monique Fortier devient la première femme francophone à réaliser un film à l'ONF, À l'heure de la décolonisation (1963), au même moment qu'Anne Claire Poirier. Elle choisit par la suite de se consacrer au montage. Le regard fixé sur l'écran lumineux de la Steenbeck, cette artiste de l'ombre participe à cette nouvelle écriture qui donne forme et sens aux élans spontanés du cinéma direct. De film en film, des complicités se développent avec les Perrault, Godbout, Gosselin, Arcand, Rached... Elle est derrière l'œuvre de ces grands. Monique Fortier et Anne Claire Poirier termineront ensemble leur carrière d'exception en 1997 avec le montage du dernier film de cette dernière, Tu as crié LET ME GO.
Réflexions croisées, lumineuses, de cinq grandes dames du cinéma québécois sur les luttes menées par les femmes afin de porter à l'écran l'imaginaire de l'autre moitié de l'humanité. Aimée Danis, réalisatrice, fonde Les Productions du Verseau en 1973 et produit plusieurs œuvres majeures, tel Léolo (Lauzon, 1989) ; elle est décédée en mai 2012. Mireille Dansereau, première femme ayant réalisé de façon indépendante un long métrage de fiction au Québec – La vie rêvée (1972) –, construit une œuvre dense, plurielle, engagée, à laquelle la Cinémathèque québécoise consacre une rétrospective en 2012. Hélène Girard, monteuse de renom, a depuis 40 ans, façonné un nombre vertigineux de films importants et s'est retrouvée plusieurs fois en nomination pour le Gémeau ou Jutra du meilleur montage. Quant à Anne Claire Poirier et Paule Baillargeon, un texte leur est consacré à chacune dans la présente section.
Jacques Drouin's artistic trajectory is closely tied to the Alexeïeff-Parker pinscreen. No other filmmaker has employed the device with such dedication since Alexeïeff himself, who created the design in 1931. Consisting of a perforated board with 240,000 adjustable pins, the pinscreen can be manipulated to create evocative moving images. Having made a series of notable pinscreen films with his wife Claire Parker, Alexeïeff gave one of his 10 prototypes to the NFB. Intrigued by its creative potential, Drouin made good use of the precious item--to the great pleasure of its elderly inventor--crafting remarkable animation like Mindscape (1976) and Imprints (2005). Now recognized as the leading master of the technique, Drouin was called upon by the French Film Archives in Paris to oversee the 2007 restoration of their own pinscreens.
Long métrage documentaire sur le décrochage, la démotivation des élèves et les dépressions des profs. En pénétrant le quotidien des cas difficiles de l'établissement montréalais placé au dernier rang du classement des écoles secondaires, Denys Desjardins balaye nombre de préjugés sur la qualité de l'enseignement dans les quartiers défavorisés et sur la délinquance des jeunes qui y vivent. Un film tout d'ambiance qui relance avec intelligence et sensibilité le débat sur l'école publique.
Having fallen under the spell of Fellini in the movie theatres of his native Abitibi, André Melançon wandered into the NFB at a time when anything could happen. He nabbed a role in Clément Perron's Taureau (1973), a gig that led to another offer--to direct children's films. With no directing experience, he forged ahead, drawing upon his natural ease with kids and previous experience as a school counsellor. 1978 would be a banner year: Melançon's documentary Les vrais perdans earned widespread praise and Comme les six doigts de la main was hailed as the year's best Quebec feature film. La guerre des tuques (1984) consolidated his stature in the growing genre of children's film. He went on to direct other features, along with TV series and theatrical productions, returning to the theme of childhood with the touching documentary Printemps fragiles (2005).
It was Claude Jutra, always keen to work with friends, who brought Pierre Patry to the NFB, inviting him to assist on Les mains nettes (1958). Patry would direct a dozen films of his own, including Petit discours de la méthode ( 1963). He left early, dreaming of directing features--and by the tim he was 30, he had founded Coopératio and attained his goal. His first film, Trouble-fête (1964), was a box-office hit, announcing a new dawn for Quebec's movie industry. Patry went on to produce other features, including Michel Brault's Entre la mer et l'eau douce. Joining forces with industry peers, he helped establish the federal funding agency Telefilm Canada, but did not benefit himself. Following Les colombes (Jean-Claude Lord, 1972), his final film, he quit feature-film production and turned to the world of educational TV.
A keen cinephile, Jean Roy arrived at the NFB with an amateur film under his arm. He was only 20 in 1949 when he went to the Arctic to shoot a series on Inuit culture. He worked with all the major NFB directors of the ’50s and ’60s—Devlin, Dansereau, Garceau, Giraldeau, Koenig, Kroitor, Palardy, Portugais and others. Michel Brault and Georges Dufaux would learn their craft as his assistants. One of eight cinematographers to collaborate on Jour de juin (1959), an early exercise in Direct Cinema, Roy later participated in Coopératio, a collective venture launched by Pierre Patry, and directed photography on Trouble-fête (1963), one of Quebec cinema’s first hits. As head of the NFB camera department, Roy established a program of institutional support for independent filmmakers—Aide au cinéma indépendant (ACIC)—which celebrated its 40th anniversary in 2013.
The term “pioneer” has rarely been so appropriate: Roger Racine was the first francophone cinematographer at the NFB, the first French Canadian to direct photography on a feature film, and a member of the very first TV crew at Radio-Canada. Hired by John Grierson in 1942, Racine would assist cinematographer Boris Kaufman, a newly arrived refugee from occupied France. Noted for his masterful work on Jean Vigo’s La petite Aurore l’enfant martyre< (1951)—feature films released during the ultra-conservative Duplessis years. Racine worked as a director at Radio-Canada from 1952 to 1964, and went on to found his own production company, Cinéfilms, now run by his son Christian.
Géant méconnu, il joue un rôle décisif dans l'évolution de l'ONF et la place qu'y prendront les francophones. Engagé dans la Jeunesse étudiante catholique qui anime les cinéclubs, Juneau le cinéphile arrive à l'ONF en 1949. Son ascension est rapide. Commissaire adjoint de l'ONF en 1954, conseiller sur les questions relatives au français –il n'a que 32 ans –, Juneau est acteur de premier plan dans le déménagement de l'ONF à Montréal. Transplanter le très English Film Board dans la société francophone a un impact historique sur l'évolution du cinéma québécois. L'autonomie de la production française s'impose en 1964 ; Juneau en est le premier directeur. Président du Conseil de la radio-télévision canadienne (futur CRTC) en 1968, président de Radio-Canada pendant la décennie 1980, tous ces mandats font de lui un des grands serviteurs qu'auront connus les institutions culturelles du pays.
History placed Fernand Dansereau in the right place at the right time. In 1960, at the age of 32, after a few years as writer and director, he was named producer at the NFB. It was the dawn of the Quiet Revolution and the agency was in creative foment. Dansereau produced seminal early work by Lamothe (Bûcherons de la Manouane, 1962); Groulx and Gosselin (Voir Miami, 1963); Arcand (Champlain, 1964); and Brault and Perrault (Pour la suite du monde, 1963). A well-rounded artist, he became a driving force in Quebec's private film and TV industry, returning to the NFB to direct Quelques raison d'espérer (2001), a profile of his cousin, ecologist Pierre Dansereau. The tireless Dansereau recently directed La brunante (2007), a feature film that reunited him with actress Monique Mercure 40 years after their collaboration on Ça n'est pas le temps des romans.
Paule Baillargeon was among the members of the Grand Cirque Ordinaire, an adventurous theatre collective that burst onto the scene in 1969. Shifting to cinema, she had roles in Entre tu et vous (Groulx, 1969) and Le temps de l'avant (Poirier, 1975), in which her character confronts the issue of abortion. The role set the tone for her career: feminist by necessity, she would approach cinema as a form of rebellion. With La cuisine rouge (1979), she directed her first feature film, and with Vie d'Ange, she shared a writing credit with Pierre Harel. The '80s brought a string of strong roles--in films by Jutra, Pool, Rozema, Leduc--but she gravitated to directing with Sonia (1986) and Le sexe des étoiles (1993). Her most recent documentary is Trente tableaux (2011), an autobiographical work that draws upon her multiple talents.
En 1969, l'artiste est de l'aventure du Grand Cirque Ordinaire : le théâtre s'éclate dans la création collective. Vient aussi le cinéma Entre tu et vous (Groulx, 1970). Intense, dans Le temps de l'avant (Poirier, 1975), son personnage aborde la délicate question de l'avortement. Baillargeon trace ainsi son chemin. Féministe par nécessité, le cinéma est pour elle une forme de rébellion. Et la comédienne fait corps avec l'auteure : en 1979, son premier long métrage, La cuisine rouge, puis Vie d'ange, coscénarisé avec Pierre Harel, ne laissent personne indifférent. Les années 1980 lui offrent de beaux rôles – pour Jutra, Pool, Rozema, Leduc – mais c'est la réalisatrice qui s'affirme avec Sonia(1986), puis Le sexe des étoiles (1993). Peu à peu, elle s'oriente vers le documentaire : Trente tableaux (2011), cette œuvre autobiographique, libre, matérialise les multiples talents de cette grande cinéaste.
Marcel Carrière is to sound what Michel Brault is to image. Between 1958 and 1964, art and technology were interacting in exciting new ways at the NFB, and young filmmakers like Carrière embraced the creative possibilities with energy and imagination, transforming the language of cinema. With a determined sense of invention, Carrière refined the art of sound recording, liberating soundmen from bulky and unwieldy technology. He collaborated on many of French Program's early Direct Cinema films, beginning with Les raquetteurs (1958) through the masterful Pour la suite du monde (1963). He went on to direct his own films, working in both documentary and fiction, and infusing every project with charateristic humour and good will.
André Lamy and his brother Pierre played an active role during the 60s heyday of Quebec's private film industry. Founding Onyx Films in 1962, they began by making TV programs and commercials, moving into feature production with films like Viol d'une jeune fille douce (1968), directed by Gilles Carle. In 1970, Lamy, whose experience had primarily been in the private sector, was surprised to be offered the position of Assistant Film Commissioner at the NFB. Named NFB Commissioner in 1975, he oversaw a period of expansion, boosting distribution efforts at home and abroad, and earning new international recognition for the agency. In 1980, he became head of the Canadian Film Development Commission, precursor of Telefilm Canada, another organization that underwent major growth under his watch. The age of downsizing was still to come! André Lamy died on May 2, 2010.
Son frère Pierre et lui font les beaux jours de la jeune industrie privée du cinéma dans le Québec des années 1960. Fondé en 1962, Onyx Films fait dans la publicité et les émissions télévisées. Le cinéma s'impose à eux peu à peu – André Lamy produit Gilles Carle Viol d'une jeune fille douce (1968). À sa grande surprise, en 1970, on l'invite à l'ONF, lui, l'homme du privé. Commissaire adjoint, puis commissaire en 1975, Lamy prend la direction d'un joyeux navire. À cette époque, l'institution est en pleine expansion. Il insiste sur la visibilité des films, ici et dans le monde – le prestige de l'Office est au zénith. En 1980, il dirige la SDICC (futur Téléfilm Canada) et gère là aussi une période d'expansion extraordinaire. La décroissance, ce sera pour les suivants ! André Lamy est mort le 2 mai 2010.
Pouvait-il savoir qu'il faisait l'histoire, film après film? Cela, dès ses premiers tournages amateurs avec Claude Jutra, en 1947, amitié déterminante pour notre cinématographie. Brault arrive à l'ONF en 1956 et bouscule les habitudes, entre gestes de défiance et désir d'expérimenter. Les raquetteurs (1958) lance un mouvement irréversible. Le Québécois prend la tête de cette révolution du cinéma direct, avec l'Américain Leacock et le Français Rouch lequel découvre en Brault « la caméra qui marche ». Brault amorce avec Pierre Perrault et les habitants de l'Île-aux-Coudres un projet qui les dépassera : Pour la suite du monde (1963). Du cinéma vécu, dans l'action, au plus près des gens – un moment décisif. Mais Brault ne s'assied jamais, explorant toutes les pistes du réel à la fiction. Jusqu'au tout puissant Les ordres (1974) – primé à Cannes –, gravé dans la mémoire collective. Il signe les images des plus grands films d'ici – Mon oncle Antoine, Les bons débarras, Mourir à tue-tête. Que serait le cinéma québécois sans Brault?
The NFB was a key factor in Werner Nold's decision to leave Switzerland for Canada. Intent on a film career, the young photographer found work with Gilles Carle as an editor (Dimanche d'Amérique, 1961). It was an age of exploration, and Nold found himself on one of the most adventurous expeditions of all, alongside Brault and Perrault, on a shoot unlike any other. But Nold rose to the challenge, working with miles of footage and tape to give epic form to the seminal Pour la suite du monde (1963). Having cut over 100 flms - documentary, fiction and animation - he is a generous mentor to a new generation of editors.
Spontaneity and perseverance are intertwined in the inexhaustible art of Pierre Hébert, who has been exploring the limits of animated film for over 50 years. Arriving at the NFB in 1962, he was mentored by the great Norman McLaren. The avant-garde Hébert would push the boundaries of drawn-on-film animation, and with his anti-militarist film Memories of War (1982) he started performing alongside musicians in "live cinema" events, scratching directly onto projected film loops. These happenings inspired further film projects like La lettre d'amour (1988) and La plante humaine (1996), a masterful feature that traces his long creative path. Eternally innovative, Hébert appears around the world, collaborating in numerous projects, including Lieux et monuments.
Chez cet inépuisable cinéaste, le geste spontané côtoie l'art de la patience. Il explore depuis cinquante ans notre perception des images animées. Encouragé dès 1962 par le grand McLaren, Hébert, l’avant-gardiste, poussera à l’extrême la technique de la gravure sur pellicule. Après Souvenirs de guerre (1982), puissant film antimilitariste, il monte sur scène, devant public, pour enrichir son travail. Avec des musiciens, Hébert grave des images en direct sur la pellicule projetées en boucle sur l'écran. Le fruit de ces performances devient matière première pour ses films La lettre d'amour (1988) et inspire même le long métrage La plante humaine (1996), œuvre magistrale qui fait la synthèse du long chemin parcouru par Hébert. L'artiste expérimente toujours, invité aux quatre coins du monde, multipliant les projets, tel Lieux et monuments, dans lequel il métamorphose des images du quotidien filmées en voyage.
Claude Pelletier witnessed the radical transformation of recording technology in the course of his career: from heavy, unwieldy gear that needed to be trucked to location to lightweight, portable Nagras. The new technology would spark an aesthetic revolution, liberating soundmen from old constraints and nurturing a new era of experimentation. Pelletier worked alongside Gilles Groulx and Arthur Lamothe, contributing to seminal Direct Cinema titles like Golden Gloves (1961) and Bûcherons de la Manouane (1962). He would collaborate on over 100 productions, including important Quebec films like De mère en fille (Poirier, 1968) and Où êtes-vous donc? (Groulx, 1969). Fascinated by genealogy, Pelletier found time to explore local parish archives during film shoots, compiling a list of close to 90,000 names linked to his family surname. Since they retired, he and his wife, Laura Gauthier, have become certified genealogists.
Michèle Cournoyer came to the NFB with a background in the fine arts. During the 1970s, she made her own independent shorts, including a striking experimental collage films. Arriving at the NFB in the early 1990s, she would make inventive use of the rotoscope, a technique that allows animators to draw over live-action footage. She turned to a new medium with The Hat (1999), a work executed in ink. Rendered in minimalist black and white, the film addressed the difficult visual metaphors. The Hat won worldwide acclaim-and Cournoyer went on to tackle similarly challenging subjects with Accordion (2004) and the chilling Robes of War (2008). Mastering the art of film without words, she has left us speechless.
Documentaire racontant un chapitre significatif de l'histoire du Québec : le développement des régions. Le cinéaste revisite l'héritage du cinéma québécois tourné en Abitibi, marchant dans les traces de Pierre Perrault. Au coeur de la crise économique des années 1930, le gouvernement organise le transport de plus de 80 000 colons pour fonder un pays neuf sur les territoires vierges de l'Abitibi. Toutefois, plusieurs quitteront ces terres durement défrichées, cherchant un meilleur sort à la ville. Mais de génération en génération, la famille Lalancette persiste à construire l'avenir sur sa terre. Denys Desjardins les suit dans leur quotidien.
Long métrage de Denys Desjardins, mélangeant documentaire et autofiction. Borgne, le cinéaste décide de se faire implanter une caméra à la place de l’œil manquant, question de filmer les gens à leur insu. En 2001, le film annonçait-il l'arrivée des ordiphones, alors qu'on filme notre environnement est continuellement filmé?