Au Canada, plus d'un million de francophones habitent en dehors du Québec. Découvrez les films de l'ONF qui rendent hommage à la francophonie canadienne.
Sans compter le Québec, on compte plus d’un million de francophones au Canada, dispersés un peu partout à travers 9 provinces et 3 territoires. Après le Québec, c’est l’Ontario qui compte le plus de francophones au Canada, avec une population de plus de 500 000 personnes. Le Nouveau-Brunswick suit avec 230 000 locuteurs et une communauté acadienne tissée serrée. Je fais personnellement partie de la grande famille franco-ontarienne. Mon père est francophone et ma mère est francophile, c’est-à-dire qu’elle est amoureuse de la langue française. Elle a d’ailleurs déjà vécu au Québec pendant quelques mois dans sa jeunesse afin de parfaire son français. La langue française fait donc partie de mes racines et de mon héritage familial.
C’est à 18 ans que j’ai senti le besoin pour la première fois de chanter en français. J’ai pris conscience de la situation précaire de ma langue maternelle et je me suis dit qu’il fallait, moi aussi, que je fasse quelque chose pour sa sauvegarde. C’est comme ça que je me suis mis à écrire davantage en français. Peu de temps après, en 2004, j'ai déménagé au Québec. Je voulais me retrouver au centre, là où le français était le plus fort, pour mieux me répandre à travers toute la francophonie canadienne par la suite. Depuis, j’ai eu la chance de tourner aux quatre coins du Québec et du Canada avec mes deux albums studios : L’homme qui me ressemble (2006) et Homme autonome (2009). Je suis aussi allé faire un tour en France, en Belgique, en Suisse, en Argentine et en Haïti.
Avec le temps et un peu malgré moi, je suis devenu un porte-parole pour les Franco-Ontariens et les minorités francophones canadiennes. J’ai été président d’honneur du Forum des jeunes ambassadeurs du Centre de la francophonie des Amériques et je tente de promouvoir notre belle langue française dans tous les événements auxquels je participe.
Je n’ai pas mis l’anglais de côté pour autant. Ma vie est un constant va-et-vient entre les deux langues, et ce, depuis toujours. J’ai de la famille des deux côtés et je consomme autant la culture anglaise que française. Même à Montréal, j’habite sur Saint-Laurent, l’artère qui a longtemps été la ligne séparatrice entre les francophones et les anglophones! Cependant, je suis conscient qu’il faut continuer à protéger, à promouvoir et à pratiquer correctement la langue française afin d’en assurer sa survie. Dans le film Kacho Komplo (2002) de Paul Bossé, mettant en vedette Marie-Jo Thério, on nous présente un lieu de culture underground, où les artistes et les auteurs pouvaient se rencontrer et échanger dans les années 1960 et un peu plus tard, dans les années 1990. J’aurais aimé qu’il y ait un tel endroit en Ontario, d’où je viens. Un bar ou une sorte de lieu informel où la culture francophone ne serait pas forcée, ni institutionnalisée, mais où les francophones se sentiraient libres d’exister. Remarquez que ces lieux sont souvent cachés et secrets. C’est un peu comme ça que vivent les personnes issues des minorités françaises canadiennes : en cachette.
Dans le film Pis nous autres dans tout ça? (2007) d’Andréanne Germain, on nous fait remarquer que les francophones du Québec ne connaissent pas beaucoup ceux des autres provinces, dans ce cas-ci de l’Ontario. Personnellement, je crois que c’est comme ça pour toutes les communautés francophones canadiennes. On ne connaît pas beaucoup son voisin. Il y a certainement de l’éducation à faire de ce côté-là. Les connaissez-vous, vous, les drapeaux des Canadiens français des autres provinces?
Une des choses les plus importantes dans notre apprentissage culturel est notre héritage familial. C’est en discutant avec les Aînés qu’on en apprend le plus sur nos racines et notre culture. Il faut connaître d’où l’on vient pour savoir où l’on va. C’est pourquoi un de mes films préférés de toute la sélection que je vous propose est Un dimanche à 105 ans (2007) de Daniel Léger. Je trouve le travail de ce cinéaste remarquable et important. Pendant toute une journée, il suit son arrière-grand-mère dans son quotidien, en Acadie, et en apprend plus sur sa vie, ses valeurs et sa famille. Je crois que l’on devrait tous passer plus de temps avec nos grands-parents. On en apprend beaucoup en leur compagnie.
Pour ma part, je continue de travailler en français. Je fais partie de la distribution d’un film qui a pris l’affiche le 22 septembre intitulé La Sacrée. Réalisé par Dominic Desjardins, ce long métrage est la toute première comédie franco-ontarienne. Le film raconte l’histoire d’un arnaqueur qui, après avoir vécu pendant plusieurs années à Montréal, décide de retourner vivre dans son petit village franco-ontarien natal, où il se fera arnaquer à son tour avec une bière aux « pouvoirs magiques ». J’y joue le rôle d’un brocanteur. J’ai aussi prêté ma voix au prochain film d’animation de Lynn Smith, La soupe du jour, produit par Marcy Page à l’ONF. J’y interprète, avec Suzie Arioli, la chanson thème traduite en français. (La version originale anglophone, Soup of the day, est interprétée par Zander Ary et Suzie Arioli.)
Sinon, je continue d’écrire des chansons en français, mais aussi en anglais et en espagnol. J’aime ma langue maternelle et jusqu’ici, elle me le rend bien. J’ai tendance à croire que lorsque l’on chante en français, les gens portent une plus grande attention à ce qu’on leur raconte… et j’ai encore beaucoup à raconter.
- Damien Robitaille
*Propos recueillis par Catherine Perreault