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La mémoire d'une ville

La mémoire d'une ville

Cette sélection de dix films issus de la collection de l’Office national du film du Canada (ONF) trouve sa source dans le film La mémoire des anges que j’ai réalisé en 2008, lequel a été construit à partir des plans visuels et sonores provenant de 120 films de la collection de l’ONF. La mémoire des anges est un portrait impressionniste du Montréal des années 1950 et 1960 en images, en chansons et en musique.

J’ai conçu ce programme en nous imaginant assis dans l’amphithéâtre extérieur du théâtre de Verdure, au parc Lafontaine, en train de regarder ces films. Le chic du chic, une projection à la belle étoile par une magnifique soirée d’été du mois d’août. La projection débute avec Au parc Lafontaine (1947), un court reportage réalisé par Pierre Petel, qui nous plonge au cœur du sujet, soit le souvenir des lieux et des gens. Les voix du Trio lyrique accompagnent ici des images de gens de tous les âges et de tous les genres qui, chaque jour, se donnaient rendez-vous autour du plan d’eau du Parc. Le temps vient de basculer et nous vivons maintenant dans une autre époque. Poursuivons la tournée des lieux avec Le port fluvial (1953), de Ronald Weyman, tandis que le port de Montréal vit sa période de gloire et que la ville détient encore le rôle de métropole du Canada. Une ville administrée en 1955 par l’équipe d’un certain Jean Drapeau qui nous explique les grands projets de son administration pour le réseau routier dans Circulation à Montréal (1955), un reportage animé par Gil Laroche et réalisé par Bernard Devlin, qui vous fera rire par son aspect candide et ampoulé… Le maire avait de grands projets pour SA ville. Alors que les rêves d’un gamin d’un quartier populaire était simplement celui de pouvoir partir à l’aventure, de sauter la clôture et d’aller voir Au bout de ma rue (1958), film réalisé par Louis-Georges Carrier et merveilleusement mis en image par Michel Brault. Puis, en fin de cette première partie, Bientôt Noël (1959) conclut ces années de rêve, en redonnant vie à nos vitrines et nos rituels d’antan… dont celui des interminables journées (souvent le samedi) de magasinage chez Eaton, Simpson, Morgan ou Dupuis et Frères. C’était alors le temps de l’Avant et des grandes réunions de famille.

Puis, le Montréal du début des années soixante voit le jour avec Dimanche d’Amérique (1961), réalisé par Gilles Carle qui y dépeint la communauté italienne ayant pris racine dans ce coin de la ville qu‘on appelle aujourd’hui « la petite Italie ». Boulevard Saint-Laurent (1962), réalisé par Jack Zolov, nous dépeint, quant à lui, la vie bigarrée de la Main, sa clientèle et ses repaires louches, ses bars et ses lendemains qui déchantent… Mais c’était sans compter sur le comité exécutif de Montréal qui, sous la pression de citoyens, a décidé de changer le cours de l’histoire en aménageant Les habitations Jeanne-Mance (1964). Dans ce film de commande typique de l’époque, le documentaire prend le parti de nous dépeindre un avenir radieux déguisé en Habitations à Loyer Modique (HLM). Faut y voir ici le contraste entre le rêve d’hier et la réalité d’aujourd’hui… Ce tour de ville se poursuit sur un ton plus ludique et intime, soit celui du réalisateur et amoureux de Montréal Jacques Giraldeau, qui nous offre une promenade dans le Vieux-Montréal avec son court métrage Au hasard du temps (1964). La rue Friponne, la rue Dickens, le théâtre des Saltimbanques, se sont évaporés dans notre mémoire vacillante... Un jeu si simple (1964) du regretté Gilles Groulx ravive celle-ci avec l’aide de la foule du Forum de Montréal qui regarde défiler ses héros. Parmi eux, le grand des grands, Maurice Richard, qui a été celui par qui un peuple s’est levé pour dénoncer l’injustice… C’était là une autre époque. C’était hier, alors que tout semble si loin derrière nous.

Je me souviens… ?

Luc Bourdon